Maladies chroniques, de quoi parle-t’on ?
Avec la très récente création de la 1ère structure adaptée et dédiée aux maladies chroniques au CHU de Poitiers, les maladies chroniques font l’objet d’une prise en charge croissante nécessaire.
Anne Gautier et Michel Chassang, rapporteurs de l’avis au nom de la section des Affaires sociales et de la santé du CESE exposent leur travail.
« Nous avons le 11 juin dernier, présenté un avis sur les maladies chroniques. Il faut le souligner d’emblée : nous n’avons pas eu de difficulté à convaincre la section des Affaires sociales de travailler sur le sujet, tant les raisons justifiant une saisine du CESE étaient multiples.
20 millions de patients
A commencer par le nombre de personnes concernées : pas moins de 20 millions, si l’on se réfère aux soins reçus. Soit bien au-delà des 10,7 millions d’affiliés au régime « Affections longue durée » de l’Assurance maladie. C’est d’abord pour ces malades et leurs proches que la maladie chronique est un bouleversement.
84 milliards d’euros
L’enjeu est financier ; les maladies chroniques représentent d’ores et déjà 60% des dépenses de soin de l’Assurance Maladie (soit 84 milliards d’euros) et le rythme de leur croissance s’accélère.
Les maladies chroniques pointent aussi, il faut bien le dire, les limites de notre système de soin.
Très performant, le système de soin a contribué à l’amélioration continue de l’état de santé des Français. Mais, trop cloisonné, il ne répond pas suffisamment à la réalité des maladies chroniques, marquées par la pluripathologie, les interférences entre les traitements, des interactions très fortes entre les différents impacts (sur la santé, mais aussi sur la situation psychologique et sociale des personnes) de la maladie.
Les maladies chroniques sont également un immense défi pour le monde du travail
15% de la population active est déjà concernée, peut-être 25% d’ici 2025. L’organisation de l’entreprise est affectée, soit parce que la maladie rend le travail impossible, soit, et c’est plus souvent le cas, parce qu’elle impose d’adapter les postes ou les horaires.
Entendues par la section, les associations de patients ont mis l’accent sur la nécessité de placer au premier plan l’appréciation que le malade se fait de sa situation
Il faut, au-delà de son seul état de santé, considérer sa capacité à travailler mais aussi à exercer ou non les tâches de la vie quotidienne, à entretenir des relations sociales. En somme : considérer son bien-être, tel qu’il l’évalue lui-même.
La capacité de nos sociétés à prévenir les maladies chroniques a été au centre de nos travaux.
Le vieillissement de la population français n’explique pas tout ! Il faut agir sur les causes des maladies chroniques ce qui veut dire améliorer la qualité de notre environnement, de notre alimentation, changer nos habitudes…
L’avis formule 20 propositions. Elles font écho aux trois grands objectifs identifiés par la section :
- agir sur les causes et la connaissance des maladies chroniques ;
- améliorer la pertinence des soins et la fluidité des parcours ;
- consolider l’autonomie des patients et renforcer leur place dans la définition du processus de soin et d’accompagnement.
L’avis ne répond pas à l’ensemble des problématiques soulevées par les maladies chroniques, en particulier le financement qui devrait faire l’objet d’un avis spécifique. Mais la force de ses propositions tient à la capacité qu’a eue la section, en raison de sa composition, à avancer des pistes pour mieux faire interagir la science, les professionnels de la médecine, le secteur social, et les patients.
Commentaires