Et si la nature en ville permettait une meilleure prise de conscience des enjeux environnementaux ?
En cette journée mondiale de l’environnement, et alors que les Français sont invités à participer à la consultation sur le prochain plan biodiversité du Gouvernement*, je m’interroge sur le fossé qui persiste entre prise de conscience et passage à l’acte. Pour répondre à cette problématique, la nature en ville doit être pleinement considérée car c’est en agissant auprès des urbains (80% de la population française) que l’on peut espérer un renversement de situation.
Les villes sont en effet au cœur des grands enjeux de notre époque, produisant déjà deux tiers des émissions de gaz à effet de serre (GES)
et devant faire face aux conséquences sociales et sanitaires de la pollution atmosphérique. Dans ce contexte, une enquête d’opinion de décembre 2017 rapporte qu’avec 53 % des suffrages, « une ville qui remet la nature au cœur de la ville » arrive nettement en tête des critères attendus par les habitantes et habitants.
La « nature en ville », par les services qu’elle rend à la qualité de vie urbaine (réduction des pollutions, des îlots de chaleur, des eaux de ruissellement, cadre de vie plus agréable et apaisé…) peut et doit concourir à la résolution des crises écologiques que sont le changement climatique et l’érosion de la biodiversité. Le désir citoyen de nature n’est évidemment pas uniquement fondé sur le souhait d’un meilleur respect des écosystèmes mais sur un réel désir de ville renouvelée dans ses usages et la conception de ses espaces publics. Les multiples initiatives des citoyens et des associations démontrent que cet enjeu, loin de rester une question d’experts, est devenu un enjeu de société.
Pour accélérer la dynamique de « renaturation » des villes, j’ai la chance d’être rapporteure au nom de la section environnement d’un projet d’avis** mettant l’accent sur la nécessité de faire de la nature un élément structurant de l’aménagement urbain. Pour cela, le développement d’espaces verts et aquatiques doit être qualitatif et efficient pour la biodiversité, et fortement impliquer la population.
La perte de connexion avec la nature est préjudiciable. C’est pourquoi les expériences de nature doivent être soutenues, dans les écoles, les villes, les entreprises, afin de « reconnecter » une population majoritairement urbaine. Jardinage et potager urbain, sciences participatives pour impliquer les habitantes et habitants dans la connaissance de la biodiversité qui les entoure, permis de végétaliser, sorties nature, etc. autant d’expériences à privilégier et à mettre à l’honneur ce 5 juin et tous les autres jours de l’année !
Annabelle Jaeger, Vice-présidente de la section environnement du CESE
* https://www.consultation-plan-biodiversite.gouv.fr
**« Nature en ville, comment accélérer la dynamique ? » soumis au vote du CESE le 11 juillet prochain.
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