Pour en finir avec la grande pauvreté !

Existe-t-il une fatalité à ce que la pauvreté perdure en France, pourtant 5e puissance économique mondiale ? Existe-t-il une fatalité à voir se reproduire, génération après génération, les mêmes stigmates que génère l’exclusion ? Nous pouvons en finir avec la grande pauvreté si nous dépassons la nécessaire indignation pour la transformer en actions.

Le CESE se saisit de ce sujet à un moment de convergence où les citoyens s’indignent par voie de pétitions et où le gouvernement vient de présenter une stratégie de lutte contre la grande pauvreté essentiellement tournée vers la jeunesse. Réduire la pauvreté est à notre portée pour peu que nous portions collectivement des actions en matière de prévention, de logement, d’accès à la santé, d’accueil de la petite enfance, d’accompagnement personnalisé, etc. L’Etat ne pourra agir seul pour répondre à l’objectif d’éradication de la pauvreté à horizon 2030, fixé par le nouvel agenda de développement durable des Nations Unies signé par la France. Nous sommes convaincus que la société civile organisée doit construire et mettre en œuvre des solutions aux côtés de l’Etat permettant une société plus juste et plus fraternelle et surtout plus respectueuse des droits humains.

Cette journée mondiale du refus de la misère, que Joseph Wresinski a lancée il y a 31 ans, existe pour rappeler que jamais, nulle part, la misère et la grande pauvreté ne sont acceptables. Plus que jamais des voix s’élèvent pour dénoncer la misère dans notre pays. Nous avons reçu les porteurs de cinq pétitions en ce sens. Certes, avec l’hiver proche et ses conséquences inacceptables envers les personnes les plus en difficultés, reviendra plus fortement la préoccupation de tous face à la situation des personnes sans abri.

Or il y a urgence à trouver des solutions pérennes, au long cours, pour permettre à celles et ceux qui survivent sans domicile de retrouver durablement leur place dans notre société.
La réponse à cette misère doit être une mobilisation générale, à tous les niveaux de la société. L’Etat a une mission fondamentale dans la répartition et la redistribution des richesses de ce pays, il peut faire mieux encore en la matière. Les citoyens, la société civile dans son ensemble à travers ses acteurs sociaux, économiques, associatifs et mutualistes ont un rôle actif à jouer pour accompagner les personnes en situation de grande pauvreté vers une vie meilleure. Ce sont ces pistes de travail que nous explorons en ce moment pour rendre un premier avis le 11 décembre.

Nous sommes fiers de porter cette saisine qui s’inscrit dans la lignée des avis Wresinski et Anthonioz-de Gaulle. Nous, société civile, partenaires sociaux, organisations et bénévoles qui œuvrons contre la grande pauvreté, souhaitons aborder ce sujet par le respect des droits humains pour que les plus pauvres d’entre nous soient considérés avec dignité, que leurs besoins soient mieux pris en compte, que leur participation à la vie sociale et démocratique soit une richesse pour tous. Il ne s’agit plus seulement d’assurer la subsistance des personnes en situation de pauvreté mais d’activer les leviers qui leur permettront d’en sortir durablement.

Marie Hélène Boidin-Dubrule et Stéphane Junique, co-rapporteurs des saisines sur la situation des personnes sans domicile fixe et de la lutte contre la grande pauvreté.

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