L’hôpital : entre lassitude, désenchantement et urgence d’actions
Chaque jour nous rappelle les conditions d’exercice difficiles des soignants : la dégradation des conditions de travail à l’hôpital ne date pas d’hier et s’est installée profondément par accumulation de manque de lits, réduction d’effectifs et contraintes administratives.
Un contexte toujours aussi compliqué
En cet automne marqué par la situation épidémique qui perdure, l’hôpital demeure au cœur du dispositif de lutte contre le virus. En adoptant, le 13 octobre, l’avis « L’hôpital public au service du droit à la santé » que nous, Sylvie Castaigne, Alain Dru et Christine Tellier, avons porté au nom de la Section des Affaires sociales et de la santé, le CESE propose 18 mesures concrètes pour répondre à l’urgence d’action.
Des perspectives d’avenir encore attendues
Avec la deuxième vague COVID, l’hôpital, de nouveau, va faire face (avec plus de protection, des progrès dans le traitement des formes graves). Cependant il existe une lassitude et un désenchantement. Bien sûr, les premières mesures du Ségur permettent un début de « rattrapage » des salaires, et une reprise partielle de la dette des hôpitaux.
Les soignants comme les professionnels du médico-social
attendent des perspectives d’avenir pour retrouver le sens de leur travail.
L’avis « L’hôpital public au service du droit à la santé » que nous avons rapporté, a rappelé les nécessités de réformes de fond de notre système de santé pour redonner des raisons d’espérer aux soignants : rétablir un fonctionnement de l’hôpital adapté aux besoins, mieux intégrer l’hôpital dans la réalité des territoires et refonder la gouvernance en santé, et enfin mieux organiser les interfaces entre l’hôpital et le système de soin. Impossible d’être exhaustif, mais nous avons fait des propositions pratiques.
Des propositions pour réformer le système de santé
- Tout d’abord pour l’ATTRACTIVITÉ des métiers du soin :
Nous demandons la sécurisation des conditions de travail grâce à des effectifs suffisants selon des ratios effectifs/lits normés qui est la garantie de retrouver la capacité de temps d’écoute et d’accompagnement donnant son humanité à des métiers de plus en plus techniques ;
Nous demandons la possibilité d’évolution des carrières : mise à disposition des financements pour les formations et embauches d’infirmières de pratiques avancées et de coordination. Les intentions sont affichées mais ce sont des chiffres qui doivent être établis et respectés.
- Ensuite pour le RENFORCEMENT DE LA DÉMOCRATIE ET DU DIALOGUE SOCIAL
Nous demandons la nécessaire refondation de la gouvernance hospitalière et territoriale : à l’hôpital, il faut rendre toute leur place aux commissions médicales et para médicales de soignants, et dans les territoires : en finir avec une organisation uniquement verticale de l’organisation de la santé via les Agences régionales de santé (ARS) :
> en établissant un pouvoir local ascendant via les conseils territoriaux de santé chargé d’élaborer un diagnostic des besoins et un projet soignant et médico-social partagé
> en favorisant l’indépendance des conférences régionales de santé et de l’autonomie,
> en donnant aux conseils régionaux un pouvoir de codécision dans l’élaboration et l’adoption du Projet régional de santé.
- Enfin, nous proposons des mesures pratiques pour agir sur le nœud des dysfonctionnements de notre système de santé : L’INTERFACE VILLE-HÔPITAL par :
> une ré organisation de la prise en charge des soins non programmés, un renforcement de l’hospitalisation à domicile.
> le renforcement de la coordination ville hôpital afin d’éviter les ruptures de arcours des populations fragiles
> en dotant tous les hôpitaux d’une structure de type PASS (Permanence d’accès aux soins de santé) où travaillent ensemble soignants et travailleurs sociaux
> en rendant effective les mesures préconisées par le Conseil national professionnel de gériatrie.
*Retrouvez la vidéo de présentation de l’avis
*Pour en savoir plus
- la grande consultation citoyenne : « Notre hôpital demain : Comment améliorer l’hôpital de demain et sa place dans le système de santé ? » lancée par le CESE du 14 mai au 24 juin 2020 dans le contexte de pandémie de la COVID 19, aggravant la crise profonde de l’hôpital public.
Cette consultation avait pour objectif de donner la parole à l’ensemble des Françaises et Français sur ce sujet – qui plus est durant la période de pandémie sanitaire. Découvrez les résultats - la résolution du CESE « L’hôpital au service du droit à la santé pour toutes et tous » en amont de ce long travail du CESE
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