Garantir le droit des femmes à disposer de leur corps, la France doit tenir ses engagements
Le CESE avait accueilli en 2016 la présentation du rapport Où est l’argent pour les droits des femmes ? Une sonnette d’alarme.
A l’occasion des journées mondiales de la contraception et du droit à l’avortement, et dans la continuité de ce rapport, se tient aujourd’hui le colloque « Où est l’argent pour les droits sexuels et reproductifs ? » dont le CESE est partenaire.
C’est important. Ces droits humains fondamentaux comprennent la santé sexuelle, la santé reproductive, les droits sexuels et les droits reproductifs (DSSR) : avoir accès à une contraception, se protéger des Infections Sexuellement Transmissibles, accoucher en toute sécurité, mettre un terme à une grossesse non voulue ou qui met en danger la vie de la mère, ne pas subir de discrimination en raison de son orientation sexuelle. Ils constituent le socle de l’autonomie et de l’émancipation des femmes. En ce sens, ils participent au combat contre les inégalités et contre la pauvreté dans le monde, et constituent donc la clé de voûte du développement durable. Inscrits dans de nombreux textes internationaux, ils sont pourtant encore loin d’être acquis : 800 femmes meurent tous les jours durant la grossesse ou en raison de complications liées à l’accouchement.
220 millions de femmes dans le monde n’ont pas accès à la contraception.
Chaque année 47 000 femmes meurent d’un avortement clandestin. Mais ces droits fragiles ne sont toujours pas une cible prioritaire de l’aide publique au développement. Il est urgent qu’ils le deviennent, et que la France, qui porte une parole forte sur la scène internationale, tienne ses engagements financiers, à côté d’autres pays d’Europe comme par exemple la Suède, ou le Royaume Uni. C’est l’objectif de ce colloque, et j’y contribuerai.
C’est d’autant plus important dans le contexte international de régression et d’hostilité envers ces droits. Alors que les Etats-Unis étaient les plus gros pourvoyeurs d’aide au développement, le Global Gag Rule voulu par D.Trump interdit aujourd’hui le financement d’organisations internationales spécialisées dans les DSSR. En Europe, il existe de fortes disparités d’accès à ces droits relevant du principe de subsidiarité, donc des Etats : certains pays n’ont jamais autorisé l’IVG (Irlande, Malte), d’autres menacent de l’interdire (Pologne) ou d’en restreindre l’accès. En parallèle, des mouvements anti-choix très actifs sur la scène mondiale, européenne et nationale exercent un lobbying politique et médiatique puissant pour restreindre ces droits au nom de valeurs traditionnelles et religieuses. Ils freinent la recherche, font du délit d’entrave à l’IVG, mènent des campagnes de désinformation agressives.
Je pense essentiel qu’une saisine de la Délégation aux droits des femmes du CESE examine sous l’angle des droits sexuels, comment le cadre européen peut promouvoir la construction d’une Europe plus égalitaire entre les femmes et les hommes.
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