Reconnaître et conforter le rôle de l’aidant : une nécessité pour faire face à la dépendance
Avec le vieillissement de la population liée à l’arrivée des générations du baby-boom et à l’amélioration de l’espérance de vie, la question du statut des aidants s’impose aujourd’hui comme un enjeu sociétal incontournable en France.
En 2008, l’INSEE estimait que plus de 6 millions de personnes vivant à domicile sont régulièrement aidées par l’entourage ou des professionnels en raison d’un handicap ou d’un problème de santé. On estime par ailleurs à 8,3 millions de personnes aidant de façon régulière et à domicile un ou plusieurs de leurs proches.
Reconnaître le rôle de l’aidant
L’accompagnement des personnes dépendantes, la place des aidants dans la société, et la façon dont ces derniers sont perçus, sont autant de défis qui se posent pour répondre aux enjeux sociétaux liés à l’augmentation du nombre de personnes âgées. Au cœur de nos réflexions à venir doit s’inscrire un principe : le respect du libre choix de la personne quant au choix de son lieu de vie et de son accompagnement. Les enquêtes[1] montrent qu’un consensus très net se dégage en faveur du maintien à domicile avec 90 % des Français qui expriment une préférence pour ce mode de prise en charge. En tant que Présidente de la Fédération des Particuliers Employeurs de France (FEPEM), je le constate tous les jours : cet accompagnement à domicile ne peut plus être pensé sans prendre en compte les aidants, qu’ils soient professionnels ou non. Il est donc essentiel de reconnaître et de soutenir le rôle d’aidant. Il y a eu dernièrement des avancées – que je salue -, comme par exemple l’expérimentation du droit au répit pour les aidants. Néanmoins, il reste encore de nombreuses problématiques à résoudre.
Réexaminer le dédommagement financier
En premier lieu, il faut d’urgence réexaminer le dédommagement financier des proches aidants contraints de se mettre en retrait, voire parfois d’abandonner leur activité professionnelle pour se dédier à l’accompagnement de la personne dépendante. Donner la possibilité à un salarié d’accompagner son proche sur du court ou moyen terme, donner les moyens à l’aidant de pouvoir continuer à sortir de son domicile, d’échanger avec d’autres personnes afin de ne pas s’isoler, c’est reconnaître l’utilité sociale des aidants.
Structurer un réseau d’accompagnement et développer la formation
Les politiques sociales en lien avec l’accompagnement des personnes âgées commencent doucement à faire une place à l’aidant : toutefois, sur les territoires, il n’est toujours pas facile pour un aidant d’identifier un interlocuteur qualifié pour l’accompagner. Rendre visible le rôle des différents acteurs de proximité, structurer un réseau d’accompagnement pour permettre à l’aidant d’accéder à un conseil, à une écoute, à un service, est absolument déterminant pour lui permettre d’assurer dans la continuité son rôle d’aidant.
Et j’irai même encore plus loin, c’est la formation des aidants elle-même qui doit être pensée. Car la formation reste la clé qui permettra à la fois de garantir la qualité de l’assistance fournie à la personne dépendante mais également la possibilité pour l’aidant de valoriser l’expertise accumulée lors de cette expérience et d’utiliser ses nouvelles compétences comme tremplin pour une éventuelle réinsertion sur le marché du travail.
Enfin, j’identifie en dernier lieu le domicile comme enjeu clé de l’accompagnement de l’aidant.
Lieu d’ancrage et de construction de notre action citoyenne et responsable, le domicile sera un acteur incontournable des politiques publiques dans les années à venir. C’est pourquoi, avec l’appui d’un Comité d’experts, je développe cet axe dans le cadre de la future Fondation du Domicile*.
* Fonds de dotation préfigurant la Fondation du Domicile
[1] Rapport de la Cour des Comptes , « le maintien à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie » , Juillet 2016.
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