Se loger :une préoccupation majeure pour les familles

A l’heure où le pouvoir d’achat des Français est fortement interrogé, le logement est le premier poste de dépense des familles. Le logement pèse pour 25 % en moyenne dans le budget des familles mais jusqu’à 40% voire 50% pour les ménages les plus modestes.


Des voyants au rouge

Je note aussi d’autres voyants au rouge sur le terrain du logement : 4 millions de personnes restent mal logées ou privées de domicile, tandis que 12 millions voient leur situation fragilisée par la crise du logement. Enfin 1,5 million de familles avec enfant(s), soit 3,4 millions d’enfants vivent dans un logement surpeuplé.


Une évolution sociétale des besoins


Je pense qu’il faut aujourd’hui constater que les besoins de logement croissent de manière structurelle avec l’augmentation du nombre de ménages issus des transformations sociétales que sont le vieillissement, le célibat, les séparations, la monoparentalité, la décohabitation … Face à cette évolution des besoins, les plus modestes sont les premiers pénalisés (familles monoparentales, jeunes, jeunes familles, retraités et travailleurs pauvres).

Les familles à revenus intermédiaires sont également touchées et affectées par un sentiment de « déclassement » au regard de leurs conditions de logement.


Une inadéquation de l’offre qui subsiste


La principale explication de ces difficultés se trouve dans l’inadéquation entre l’offre de logements disponibles et le niveau de vie des familles, leurs besoins et leurs attentes, avec de forts contrastes territoriaux.

Dans les territoires tendus : le coût du logement augmente avec la pénurie de l’offre, la construction est plus chère, l’accueil en parc social baisse faute de constructions neuves suffisantes et les trajectoires résidentielles sont bloquées. Nous constatons également que les loyers du parc privé ont plus vite augmenté que les revenus des ménages. L’achat du premier logement est de plus en plus difficile et la suppression de l’APL accession ne peut qu’aggraver encore un peu plus ces tendances lourdes.

Sur les autres territoires, notamment ruraux : de nombreux logements inhabités se dégradent et sont difficiles à adapter, les territoires se désertifient. Par ailleurs, de nombreuses familles subissent de plein fouet les charges liées au logement et sont en situation de précarité énergétique.


Mobilité résidentielle et aménagement du territoire : des solutions ?


Des solutions existent et je suis convaincue qu’une issue à ces crises passe par la mobilité résidentielle et l’aménagement du territoire. En effet, l’ensemble des éléments du diagnostic montre qu’il n’y a pas une crise du logement mais des crises du logement. Certes, il faut une augmentation du nombre de logements là où existent les besoins. Il faut aussi et surtout accompagner les familles en difficulté en pensant un parcours de mobilité résidentielle facilitée et encouragée en lien avec l’aménagement du territoire.

Le contexte économique, social, environnemental et l’évolution des familles nécessitent que l’ensemble de la population puisse plus facilement changer de logement. Cette plus grande mobilité résidentielle permettrait notamment une meilleure adaptation aux cycles de vie des familles (naissance, séparation, recomposition, mobilité professionnelle, départ du foyer des jeunes, handicap, vieillissement…). Des verrous existent aujourd’hui à cette fluidité des parcours de vie, il faut les débloquer.

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