Les enfants placés : ces combattants de l’ombre

Les enfants placés, vous connaissez ? Non ? Pourtant vous avez déjà entendu parler des « enfants de la DDASS ». Malheureusement, ils sont peu visibles dans les médias et l’agenda politique. On ignore tout de leur parcours et de leurs difficultés, c’est une véritable situation alarmante.

2 situations particulières : les « jeunes en difficultés multiples » et les jeunes majeurs.

J’ai été nommé rapporteur de cet avis demandé par le Premier Ministre qui a souhaité que le CESE axe notamment ses préconisations sur deux publics ayant un parcours particulier au sein de l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) anciennement appelée la DDASS : les jeunes en difficultés multiples et les jeunes majeurs.

Comment peut-on définir ces jeunes en difficultés multiples ?

Ces jeunes ont connu des négligences et violences graves qui ont perturbé leur développement. Aucune structure ne répond entièrement à leurs besoins de stabilité, de soin et de prise en compte de leurs troubles psychiques. Appelés péjorativement les « patates chaudes », les structures se les envoient, se les renvoient… J’ai été interpellé par cette maltraitance institutionnelle qui accentue le mal être de ces jeunes et ne leur permet pas de s’épanouir par la suite.

Pourquoi doit-on s’occuper aussi des jeunes majeurs ?

Parce que c’est un paradoxe de demander à ces jeunes de 18 à 21 ans d’être autonome alors qu’ils ont le moins de ressources ! Dans une société où l’âge de la décohabitation avec les parents recule, il est nécessaire que l’ASE continue de les soutenir. Malheureusement, ce qu’elle propose aujourd’hui est insuffisant puisque seulement 1/3 des jeunes majeurs bénéficient du contrat jeune majeur qui permet de les accompagner financièrement et dans leurs démarches administratives. Laisser les 2/3 à la rue ou sans diplômes n’est plus une situation acceptable.

Des préconisations pour prévenir les ruptures de parcours

C’est pourquoi le CESE a fait 21 préconisations. Pour nous, la prévention est une clé essentielle. Cette étape est déterminante et elle seule peut permettre de faire diminuer le nombre d’enfants placés. Ensuite, c’est par la formation des encadrants et encadrantes de l’ASE et par leur coordination avec les autres infrastructures du secteur social et médico-social que nous pouvons améliorer la prise en compte des besoins de ces jeunes.
Pour les jeunes majeurs, nous proposons deux scénarios au Gouvernement. Le premier envisage une modification du droit commun qui permet ainsi pour tout jeune de 18 ans d’obtenir un accompagnement pour s’insérer dans la vie active, continuer ses études et garantir ses ressources. Le deuxième scénario propose un droit spécifique pour ces jeunes majeurs sortants de l’ASE afin d’avoir une prise en charge jusqu’à ce qu’elles et ils aient une situation stable.
Une proposition de loi a été adoptée cet été mercredi dernier à l’assemblée nationale qui reprend une partie de nos préconisations !

Maintenant le combat continue pour en finir avec ces injustices !

 

« L’avis a été remis le 18 juillet à Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé, par le rapporteur du CESE Antoine Dulin, avec Patrick Bernasconi, Président du CESE et Aminata Koné, Présidente de la section des affaires sociales et de la santé. Puis le 24 juillet l’avis a été remis à Jean-Marie Blanquer, Ministre de l’Education nationale ainsi qu’au directeur de cabinet de Nicole Belloubet et à la directrice de la protection judiciaire de la jeunesse ».