Le socle européen des droits sociaux : un machin de plus ou un espoir pour l’Europe ?

Concurrence sauvage entre Etats, dumping social, Paradise Papers, nous avons l’habitude d’être abreuvés d’informations qui laissent penser que l’Europe est impuissante et donc inutile. Je me souviens du scepticisme général lorsque la France, en s’appuyant sur l’avis rendu par le CESE, a apporté sa vision d’une protection sociale européenne en réponse à la consultation voulue par le Président Juncker sur le socle européen des droits sociaux.

Certains n’y voyaient qu’un texte de plus, certes pétri de bonnes intentions, mais voué à l’oubli, d’autres, au contraire, le trouvait insuffisamment ambitieux, rêvant d’un salaire minimum européen dès demain!

De la panne à la relance
La construction européenne a connu de trop longues années de panne sociale, entretenue par la crise et l’illusion que le sacrifice des normes sociales servait l’économie, pour que nous ne versions pas dans un optimisme béat parce que quelques signes de prise de conscience se manifestent, au sein de la Commission comme dans certains Etats. Pourtant, qui pensait il y a encore quelques mois, un accord possible sur les travailleurs détachés? … sujet sur lequel notre assemblée a été en première ligne!
Vendredi 17 novembre,  Emmanuel Macron était à Göteborg avec les autres chefs d’Etats européens pour valider le socle européen des droits sociaux. C’est, au delà même des dispositions du texte, un acte majeur pour la relance de la construction européenne.

L’effectivité au cœur des enjeux
Le risque d’échec existe … mais moins dans les différences d’appréciation sur le rythme et l’ampleur de la convergence que dans l’application effective des droits. Je suis toujours étonné de l’indifférence générale qui entoure la progression du non recours aux droits et ce dans tous les pays. A quoi bon disposer de droits que l’on ne peut exercer?

Je suis persuadé que c’est avant tout sur l’exercice effectif des droits que nous serons jugés.

Bien sûr il faut avancer dans de nombreux domaines, lutter contre la pauvreté, mettre en place un espace de formation et d’emploi européen, amplifier les convergences en matière d’assurance chômage, mais si les citoyen.e.s européen.e.s ne peuvent concrètement faire usage de ces droits en créer de nouveaux ne fera que renforcer le discrédit des institutions nationales comme européennes.

N’attendons pas tout des Etats. L’implication de la société civile, l’appropriation du socle européen des droits sociaux par les citoyen.ne.s est indispensable.

Un an s’est écoulé depuis l’adoption par notre assemblée de l’avis sur “La construction d’une Europe dotée d’un socle de droits sociaux”, ce socle est aujourd’hui celui de tous les Etats membres, il doit devenir demain celui de tout.e.s les citoyen.e.s européen.e.s