Des solutions existent face au chômage en Outre-mer

Durement frappée par le chômage, la population des Outre-mer manifeste régulièrement contre les conditions de vie difficiles et le manque de perspectives d’avenir.

Les Outre-mer sont les territoires de France les plus touchés par le chômage

Moins de la moitié de la population en âge de travailler a un emploi et un jeune sur deux est au chômage. Ceci entraîne des conséquences massives en termes de pauvreté, d’inégalités et d’exclusion.

Les taux de chômage atteignent le double de ceux de l’hexagone : supérieurs à 18 % dans les DROM et jusqu’à 35 % à Mayotte, le taux plus élevé de toute l’Union européenne ! La durée du chômage est aussi trois fois plus longue car il y a très peu d’offres d’emploi disponibles localement.

Dans l’étude L’accès aux services publics dans les Outre-mer du CESE que j’ai co-rapportée, nous avons noté que cette réalité reste sous-estimée par les pouvoirs publics, à l’image de l’INSEE et de Pôle emploi qui n’intègrent pas les Outre-mer aux statistiques nationales. Cette situation, insupportable pour beaucoup de familles et de jeunes, entraîne des risques très élevés de rupture sociale.

Donner la priorité absolue à l’éducation, à la lutte contre l’illettrisme et le décrochage scolaire

Beaucoup de jeunes ne maîtrisent pas les compétences de base en français, ni les outils numériques. Le système éducation souffre de graves carences notamment à Mayotte, en Guyane et à Saint-Martin. L’État doit donner davantage de moyens humains et budgétaires nécessaires pour corriger les sous-dotations au regard des besoins existants.

Un grand plan de construction scolaire et le dédoublement des classes de CP et de CE1 des réseaux d’éducation prioritaire sont urgents.

C’est pourquoi nous souhaitons que l’accès à la formation professionnelle et à l’apprentissage dans des métiers en lien avec les besoins locaux, soit renforcé. Il reste très difficile pour de nombreux jeunes en Outre-mer de trouver une formation sur place et une entreprise pour les accueillir en stage, ce qui contribue au départ massif de la jeunesse dans certains territoires.

Renforcer les dispositifs d’accompagnement
et d’insertion professionnelle

Avec 6 000 jeunes volontaires accueillis chaque année et 81 % d’insertion en 2019, le Service militaire adapté (SMA) a fait ses preuves. Grâce à un accompagnement socio-éducatif complet, les jeunes décrocheurs acquièrent des compétences professionnelles et sociales qui leur permettent d’entrer rapidement dans la vie active. Nous préconisons que le Service militaire adapté monte en puissance dans les territoires où la demande est forte, en particulier en Guyane, à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie. La présence du SMA représente également une capacité essentielle de prévention et de résilience en cas de catastrophe naturelle ou sanitaire.
Plus généralement, les acteurs de l’insertion professionnelle et de la formation doivent être mieux coordonnés sur la base d’une gestion davantage déconcentrée autour du Préfet.

Accompagner la relance de l’activité en Outre-mer par des moyens supplémentaires pour les services publics

L’étude que j’ai co-rapportée avec Sarah Mouhoussoune en janvier dernier sur L’accès aux services publics dans les Outre-mer a montré à quel point les besoins sont importants dans l’éducation, la santé, le secteur médico-social, les services environnementaux… Des gisements d’emplois pérennes, extrêmement utiles à la population et au développement durable des territoires, existent. Nous pensons que les collectivités régionales devront analyser les besoins de recrutement locaux sur la base d’une gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences (GPEC). Cela permettra de mieux adapter les formations aux offres d’emploi, en distinguant les besoins permanents et émergents. Cette GPEC par territoire en Outre-mer devra intégrer les besoins de main-d’œuvre générés par les Contrats de convergence et de transformation (2019-2022).

Michele CHAY

Conseillère confédérale de la CGT, vice-présidente de la section du travail et de l’emploi, membre de la délégation à l’Outre-mer du CESE