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Des métaux rares sous le sapin

Il s’est vendu plus d’un smartphone toutes les 2 secondes en France en décembre dernier, et 2,8 millions d’i-phones, ou autres smartphones ont été offerts comme cadeaux de Noël : ensemble, ils contiennent pas loin de cent kilos d’or, une tonne d’argent et plusieurs dizaines d’autres métaux rares ou précieux : cobalt, tungstène, indium, platine, terres rares…

Ces mêmes métaux sont également indispensables pour les équipements de la transition énergétique : éoliennes, voitures électriques… ; sans parler des industries plus traditionnelles : aéronautiques, défense, chimie…

C’est cette réflexion autour de la transition énergétique qui m’a conduit à proposer à la section des activités économiques de préparer un avis sur la dépendance aux métaux stratégiques, voté par le CESE le 22 janvier. Lutter contre le réchauffement, produire de l’énergie décarbonée ou des matériels de transport propres sont des nécessités absolues. Mais attention à ne pas tomber d’une dépendance au pétrole dans une dépendance à des matières premières contrôlées par un tout petit nombre de pays, au premier rang desquels la Chine. Et obtenues souvent dans des conditions sociales et environnementales désastreuses, voire parfois dans le sang.

Les auditions d’expert nous ont permis de saisir les enjeux sur l’économie et l’emploi et les lacunes de la réponse française (même si nous disposons d’experts de qualité et de quelques pépites industrielles). La règle, c’est de conserver au maximum la matière soit en l’économisant ou en la substituant dans la fabrication des produits, soit en augmentant leur durée de vie, soit en recyclant. Je suis convaincu que les principes de l’économie circulaire déjà défendue à plusieurs reprises par le CESE doivent nous servir de boussole. Et qu’ils permettront de maintenir en France des emplois dans la production ou dans la réparation/ recyclage.

Mais avec la croissance démographique mondiale et l’accès d’un très grand nombre à la consommation de masse (il existe environ 2.5 milliards de smartphones dans le monde. Faîtes le calcul en métal !), il nous faut également parier sur un approvisionnement pérenne : par une diplomatie des matières premières respectueuse des pays producteurs et des populations concernées ; et aussi en nous mettant d’accord sur les conditions permettant une exploitation minière responsable en France métropolitaine et Outre-Mer. Ces questions sont cruciales pour la Nouvelle Calédonie et la Guyane comme nous l’a rappelé la contribution de la délégation Outre-Mer à notre avis.

Mon souhait : pour obtenir les matières premières indispensables à notre économie et à notre mode de vie, sachons utiliser notre matière grise !

L’avis « La dépendance aux métaux stratégiques : quelles solutions pour l’économie ? » a été présenté par Philippe Saint-Aubin, rapporteur au nom de la section des activités économiques. La délégation à l’Outre-mer a apporté sa contribution rapportée par Elodie Martinie-Cousty et Didier Genson-Guénant. L’avis a été adopté par le CESE.