OBJECTIF 2030 : pour un avenir soutenable et stabilisé pour tou.te.s

Le 25 septembre marque le 2ème anniversaire de l’adoption par les Etats membres des Nations-Unies des Objectifs de développement durable (ODD), qui  constituent la nouvelle feuille de route mondiale pour 2030. Face aux crises d’aujourd’hui, c’est le monde des 15 années à venir et au-delà qu’il faut dessiner.

Des crises convergentes qui nous interpellent
2015 a, dans ce sens, été une année historique et a marqué une prise de conscience planétaire que l’avenir ne peut se faire avec les mêmes recettes des dernières décennies. Salutaire réveil au milieu d’une période faite d’une convergence de crises cumulatives laissant entrevoir des lendemains bien plus sombres : croissance massive des inégalités de tous ordres depuis trente ans, pauvreté endémique en de nombreux endroits de la planète. Les pressions croissantes sur les ressources naturelles et les matières premières, les enjeux démographiques et de l’avenir de la jeunesse croissante en Afrique notamment, la gouvernance mondiale brouillée, la montée des extrémismes et des populismes, tout cela nous enjoint à agir plus, et plus densément. Notre siècle naissant est également celui de l’accélération du réchauffement climatique. Depuis 2014, nous avons eu trois années consécutives durant lesquelles les records de chaleur ont été battus tour à tour. Le réchauffement constitue un facteur démultiplicateur des tensions et crises déjà en cours. Nous savons que le temps est compté en la matière et qu’il est urgent d’engager les transitions écologiques indispensables de nos modèles pour freiner l’emballement climatique annoncé et déjà visible en divers endroits de la planète.

Si ce n’est par sens moral ou éthique, le seul enjeu de paix et de stabilité nous appelle à redoubler les efforts pour réduire les fractures et les exclusions.

Agenda 2030 et ODD : une voie fragile mais incontournable
L’Agenda 2030 et la COP 21 ont ouvert une voie qui demeure fragile mais que je pense incontournable pour conduire la planète vers un avenir meilleur. Ces accords tracent bien une perspective à revers des chaos qui se manifestent à nos yeux et menacent à l’horizon. Ils réhabilitent surtout la nécessité de repenser le long terme et offrent aux décideur.euse.s les opportunités de structurer et de partager une vision de l’avenir. Aujourd’hui, tout pousse à une politique de l’immédiateté et de l’urgence. Pressions des opinions ou des médias, pressions de la finance, réactions sécuritaires tous azimuts face à des menaces multiples, les politiques publiques sont contraintes à répondre de plus en plus vite faisant du court terme le temps le plus usuel du débat. Cela est certes nécessaire en certaines circonstances, mais cela rend plus ardue l’expression plus sereine d’une quelconque mise en perspective et renforce le sentiment de perte de repères des citoyen.ne.s à laquelle on assiste un peu partout.

J’ai rapporté au nom duLe CESE l’avis « La politique française de coopération internationale dans le cadre de l’agenda 2030 du développement durable » adopté le 12 octobre 2016 dans lequel le Conseil souhaite que la France fasse du « développement durable un projet de société » et qu’elle se dote d’une véritable feuille de route interministérielle à cet effet et qui soit porteuse d’une vision mobilisatrice pour elle-même et pour l’Europe. Concrètement, c’est une revue de nos politiques publiques à l’aune de cet enjeu que le CESE appelle et à la fixation d’un cap pour l’avenir clairement inscrit dans cette perspective. Les ODD appellent à plus de régulation et de mise en cohérence des politiques publiques. Ils consacrent aussi le rôle fondamental de la société civile dans toutes ses composantes pour leur réussite. C’est ainsi une nouvelle façon de penser et d’élaborer les politiques : plus universelle, plus transversale, plus intersectorielle, plus partenariale et plus participative.
Face aux crises d’aujourd’hui et à celles qui s’annoncent pour demain, c’est bien le monde des 15 années à venir et au-delà qu’il faut préparer et projeter. Face aux dérégulations multiples, c’est l’alliance nécessaire et rééquilibrée entre liberté d’initiative et capacités publiques et démocratiques de régulation qu’il faut rebâtir. C’est bien le sens de l’Agenda 2030 et du partenariat mondial pour le développement durable. Agenda politique de régulation prospective, il lui reste à être saisi comme tel à toutes les échelles de nos sociétés, et au plus haut niveau de l’Etat, afin d’en faire, je le souhaite, le récit politique partagé d’un monde de paix et de prospérité.