L'égalité entre femmes et hommes

L’écriture inclusive nous concerne tou.te.s !

La polémique déclenchée par la publication d’un manuel de CP utilisant (dans quelques pages) l’écriture inclusive illustre les tensions que peuvent susciter les avancées vers l’égalité entre les sexes.

Une langue vivante évolue avec le monde
Le langage est politique. Il porte une vision du monde dont les femmes sont exclues. Le neutre n’existe pas en français et c’est le genre masculin qui est censé le représenter. « Le juge » suffirait à représenter femmes et hommes exerçant cette profession. Parfois donc « Le juge est enceinte ». Si la secrétaire, la boulangère ne dérangent personne, pour la ministre, c’est autre chose ! On se réfère alors à la pureté de la langue et à l’Académie française. Parlons-en ! C’est elle seule qui, au XVIIe siècle, déclare que le masculin l’emporte sur le féminin au prétexte le mâle est supérieur à la femelle. Pourtant les plus hautes fonctions étaient féminisées au moyen âge et l’usage de l’accord de proximité était courant. Aujourd’hui quand Marie se promène avec 5 amies et son chien, ils se promènent. Il ne s’agit donc pas de féminiser la langue française mais d’en finir avec sa masculinisation.
Un sondage vient de paraître. Il révèle que 75 % des interrogé.e.s se disent favorables à l’écriture inclusive dont 24 % très favorables ce qui fait dire à son commanditaire : Loin d’être une pratique marginale ou idéologiquement située, l’écriture inclusive suscite en fait une très large adhésion. C’est la preuve (…) d’une grande attention au fait que la langue française entretient une relégation sociale des femmes devenue insupportable. L’écriture inclusive est un puissant levier pour faire changer les représentations.
Pourtant un quotidien titre sur le délire de l’écriture inclusive, un autre Maître.ss.e corbe.au.lle sur un arbre perché.e, autant d’outrances et de mauvaise foi révélatrices de craintes qui vont au-delà du prétendu soucis de préservation de la langue, dont on sait qu’elle évolue au fil du temps. Il ne s’agit ni de réécrire nos classiques, ni de l’imposer dans la littérature mais de faire en sorte qu’a minima la communication publique soit délivrée des stéréotypes de sexes. Si l’écriture inclusive peut sembler difficile à appliquer, l’expérience montre que son usage répété devient une habitude d’autant plus naturelle que les enjeux sont bien compris.

C’est pourquoi je suis heureuse d’avoir contribué à ce que le CESE signe la convention du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, l’engageant à adopter l’écriture inclusive. Lors de sa signature le président du CESE, Patrick Bernasconi, affirmait que « cette vision étriquée, sexuée, reproductrice d’inégalités et d’injustices fondées sur une construction sociale archaïque n’est pas celle de notre assemblée. Je signe cette convention parce que je crois très sincèrement qu’il est temps de mettre un terme aux inégalités et qu’il est plus intelligent de s’attaquer aux causes qu’à leurs effets. Le CESE pourra être fier d’avoir ouvert la voix en faveur de la modernisation de la société. »

Je rappelle que le président avait alors invité tou.te.s les membres du CESE, les organisations qu’ils.elles représentent et l’administration à appliquer la convention. Le féminin ne saurait encombrer un texte et il faut en user.