Pour en finir avec les scandales sanitaires : redonner à l’alimentation sens, valeur et confiance

Le scandale des « œufs contaminés au Fipronil » succède à d’autres scandales liés à des fraudes dans le secteur de l’agro-alimentaire, comme celui de la viande de cheval dans les lasagnes il y a quelques années. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il faut s’attendre à de prochains scandales, du moins tant que les modes de distribution des produits et sous-produits alimentaires n’évolueront pas. Dans le rapport et l’avis « Les circuits de distribution des produits alimentaires » élaborés par la section agriculture et alimentation du CESE, adopté en mai 2016, j’ai rapporté les mécanismes qui génèrent ces scandales et formulé des propositions pour les éviter.

La « guerre des prix » que se livrent les enseignes de la grande distribution contribue pour une très large part à la course aux prix les plus bas, illustrée notamment par des négociations commerciales avec les industries agro-alimentaires extrêmement tendues. Producteur.rice.s agricoles, salarié.e.s des entreprises, mais aussi consommateur.rice.s potentielles victimes des scandales sanitaires, en paient le prix fort. Les marques de distributeur, principalement citées dans cette affaire des œufs contaminés, sont logiquement les plus concernées dans la mesure où le cahier des charges négocié entre le fabriquant et le distributeur, est élaboré dans l’objectif d’un « premier prix », avec des ingrédients au moindre coût, dont l’origine géographique est parfois confuse, rendant plus complexe les contrôles.

Je formulais dans cet avis du CESE plusieurs propositions pour redonner sens, valeur et confiance à l’alimentation, demande exprimée de plus en plus fortement par les consommateur.rice.s mais aussi par la plupart des acteur.rice.s des circuits de distribution, y compris la grande distribution consciente de l’impact de tels scandales sur son image.

Il est d’abord indispensable de réunir les conditions d’un meilleur équilibre des relations commerciales, en améliorant le déroulement et le contrôle des négociations commerciales, en renforçant le rôle des interprofessions et organisations de producteur.rice.s et en promouvant un label « relations fournisseur responsable » engageant la responsabilité sociale et environnementale des acteur.rice.s.

Il importe également de renforcer la traçabilité et l’information du consommateur.rice, par un étiquetage plus précis sur l’origine des composants des produits, de la.le sensibiliser aux conséquences de ses pratiques d’achat en terme économique, social et environnemental, de développer un « open-data » de l’alimentation en Europe pour favoriser la transparence et lutter contre les fraudes…

Il faut enfin développer les circuits de proximité, y compris dans l’industrie agro-alimentaire, avec le pilotage des conseils régionaux en charge de plans régionaux de l’agriculture et de l’alimentation durable. L’éducation au goût et à la qualité passera également par une offre alimentaire durable, bio pour une part, et de proximité dans la restauration collective.