égalité femmes - hommes

1/2 journée par an pour remédier aux inégalités femmes/hommes ?

La Cour de cassation vient de rejeter le pourvoi d’un chauffeur de bus. Il se considérait discrimé par l’octroi d’1/2 journée de congés aux seules femmes de son entreprise à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes du 8 mars. L’arrêt affirme qu’un accord peut prévoir au seul bénéfice des salariées une mesure visant à remédier aux inégalités de fait qui affectent leurs chances.

Cette ½ journée peut être l’occasion pour les femmes de se mobiliser en faveur de leurs droits mais elle ne saurait suffire.

Malgré un arsenal juridique conséquent, les inégalités entre les femmes et les hommes perdurent. Elles tiennent en grande partie à la persistance d’une division sexuée du travail qui assigne les femmes aux tâches parentales et domestiques et place les hommes en pourvoyeur principal de revenus. Pourtant les femmes ont depuis longtemps investi le marché du travail et leurs salaires ne peuvent plus être considérés comme des revenus d’appoint. En France, les femmes cumulent : les couples sont devenus biactifs et continuent à faire des enfants. Et la société n’a pas été repensée pour permettre aux femmes d’articuler sereinement leurs temps de vie : tout en travaillant, elles assurent 80 % des tâches parentales et ménagères et supportent la charge mentale liée au fonctionnement familial : courses, RV médicaux des enfants, organisation des activités etc. A la naissance d’un enfant 40 % des mères modifient leur trajectoire professionnelle pour seulement 6 % des pères. Au fond, la société d’aujourd’hui reste très stéréotypée dans ce qui est attendu de chacun des deux sexes.

Vice-présidente de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité (DDFE), je me réjouis des actions de discrimination positive innovantes surtout s’il s’agit comme le précise la Haute juridiction, de susciter la réflexion sur la situation des femmes au travail. Mais l’effort doit porter sur la négociation sur l’égalité professionnelle. Elle doit aboutir à des accords qui suppriment les différences salariales, questionnent la valeur du travail des femmes et des métiers à prédominance féminine, permettent aux femmes l’accès aux responsabilités et mettent en place des mesures encourageant la parentalité. Or, bien que la loi les y oblige, 59 % des entreprises ne sont pas couvertes par un accord sur l’égalité professionnelle ou un plan d’action pour y parvenir.

La place des femmes au travail, l’égalité professionnelle et salariale, l’impact des conditions de travail sur la santé et les temps de vie des femmes et des hommes et la nécessaire évolution de la culture d’entreprise, et notamment du présentéisme aux effets délétères, sont au cœur des réflexions conduites par la DDFE. Au-delà des actions de discriminations positives c’est l’ensemble de ces thématiques qu’il faut interroger sans relâche pour organiser l’égalité réelle.

 

 

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Commentaires

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2 commentaires
  • Coton
    28 juillet 2017
    Très bon article ! il faut aussi avoir en tête que toutes les inégalités subies par les femmes ont des incidences négatives sur leur retraite (en moyenne 40%inférieure à celle des hommes).
  • Solène
    31 juillet 2017
    On peut également préciser que si 40% des entreprises négocient comme le demande la loi sur l'égalité professionnelle... La majorité de ces accords est sans contenu réel ! Les actions prévues sont souvent peu ambitieuses et pas mises en place. On peut se demander si l'application des lois sur l'égalité professionnelle, les droits des femmes à l'égalité, devraient réellement être mis dans l'ordre du "négociable" quand on voit à quel point les inégalités persistent... La première chose à faire serait peut-être d'augmenter les moyens de l'Inspection du travail pour qu'elle est les moyens de contrôler et sanctionner les entreprises qui ne négocient même pas ?