Chômage : au-delà des chiffres et des courbes

10.000 à 14.000 décès par an sont imputables au chômage en France, soit presque deux fois plus que les accidents de la route.

Ces conséquences concrètes du chômage sur les personnes qui en sont victimes sont graves. Je n’ai jamais été touchée personnellement par le chômage, mais l’insécurité et les bouleversements qu’il entraine dans la vie des personnes me préoccupent depuis longtemps :

  •  comment subvenir à ses besoins et ceux de ses enfants, sans travail, sans rémunération ?
  •  comment faire face psychologiquement quand le sol s’ouvre sous vos pieds, quand un licenciement vous est annoncé, quand toutes vos recherches d’emploi demeurent vaines ?

D’où ma proposition d’une auto saisine auprès de la section des Affaires sociales et de la Santé du CESE portant sur l’impact du chômage sur les personnes et leur entourage.
Ma formation de travail a immédiatement été partie prenante et les travaux ont commencé à l’aide de multiples auditions, toutes très instructives.
Loin d’être une affaire de chiffres et de courbes, le chômage, la privation d’emploi, sont d’abord des histoires humaines.

L’image négative véhiculée dans une partie de l’opinion publique sur les personnes privées d’emploi apparait comme une représentation injuste, ajoutant au préjudice subi une source de souffrances insoupçonnées pour les personnes concernées.
Lutter contre cette stigmatisation est une priorité :

  • en initiant des campagnes publiques pour faire connaître le vécu des personnes privé.e.s d’emploi et leurs droits
  • en faisant vivre le 21ème critère de discrimination, basé sur la précarité sociale, voté récemment pas le Sénat et l’Assemblée nationale, pour plus de dignité et un accès égal aux droits

La santé des privé.e.s d’emploi est en danger !
Cela ne peut laisser personne indifférent.

  • 14 000 morts par an dus au chômage, autant que les morts sur les routes dans les années 1970, ramenés à présent, par des politiques publiques et une prise de conscience collective, à près de 3000 décès par an.
  • un taux de suicides 2,2 fois plus élevé
  • un quart des hommes et des femmes au chômage souffrent de dépression

Prendre soin des personnes au chômage est impératif.
De nombreuses actions de soutien, d’écoute, d’accompagnement, pour établir des parcours de santé correspondant aux besoins des personnes sans emploi, sont proposées dans l’avis.

Margaux G. est venue dernièrement sur le plateau de FR3 témoigner de sa vie, racontée dans son livre « Le dernier salaire ».
« Aujourd’hui j’ai 55 ans et je ne suis plus rien. Pourtant je me suis battue pour retrouver du travail. Hier j’ai reçu mes dernières allocations chômage. Je suis blanche de peur, Je suis obligée de quitter mon appartement, je veux survivre. »

C’est pour des personnes comme Margaux et tant d’autres, jeunes, en pleine force de l’âge ou plus âgé.e.s, que j’ai voulu que le CESE se saisisse de ce grave problème.Pour que les millions de personnes qui recherchent désespérément un travail qui leur permette de vivre et non plus de survivre, sortent de l’ombre.

Beaucoup est à faire, beaucoup est possible, j’en ai la conviction, il faut faire vite.

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Commentaires

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6 commentaires
  • Olivier Duchesne
    12 août 2017
    Tout à fait d'accord, il y a un réel problème en France d'acceptation de la réalité du chômage et une sous-estimation des conséquences réelles des licenciements économiques, notamment la forte dégradation quand on passe au chômage longue durée avec le minimum d'allocations chômage qui ne permet pas de payer un loyer ni de vivre décemment.
    • Jacqueline FARACHE, membre du CESE, a répondu au commentaire
      5 septembre 2017
      Merci beaucoup pour votre commentaire Mr Duchesne, je vous en remercie. Il est important qu’une prise de conscience plus forte, plus effective se développe au sein de la société, et à tous les niveaux de responsabilités, pour qu’un nouveau regard sur les privés d’emploi fasse évoluer favorablement la représentation majoritaire que nous en avons, collectivement et individuellement. Par là même, les dispositions indispensables à prendre concernant tant leur santé que leurs moyens pour vivre feraient plus consensus. Pouvoirs publics et corps intermédiaires devraient en faire rapidement une priorité du calendrier social. Beaucoup de voix comme la vôtre devraient être entendues. Jacqueline Farache
  • Michel Martin
    19 avril 2018
    La question de la société inclusive se heurte à notre culture individualiste. "L'individu (le citoyen) seul face à l'état" (Allarde, Le Chapelier) couplé au principe dominant de propriété privée. Je vois que cette culture est encore très vivace aujourd'hui. J'en veux pour preuve la très dure répression des Zadistes. Le spectre d'un nouveau Larzac, qui est une expérience de gestion collective réussie, hante cette culture individualiste. J'en veux pour preuve le flop du projet de société du soin mutuel porté par Martine Aubry en 2010. Le volontarisme ne pourra pas grand chose pour tous les exclus de notre société, tant que cette culture individualiste qui les génère persistera.
  • Alpi
    27 août 2018
    Bien que les conditions de vie des sans emploi - tel moi-même par exemple - imposent qu'on s'inquiète et en effet très vite. Je rappelle le développement et l’accélération du stress au travail (avec ses nombreuses conséquences comparables à celles des sans emploi à savoir : la dépression et le suicide) que rapporte sans cesse l'actualité. Les menaces qui pèsent sur les sans emploi ont la même source que celles qui laminent les travailleurs à savoir : une transformation du monde qui est en train de perdre tous ses repères et qui sombre, outre dans le chaos, dans un océan très visqueux fait de contradictions à peine croyables. Exemple ! Dans les esprits, y compris chez les plus modestes, il continue de se maintenir des considérations pour ce qu'on appelle ''la réussite''; voire même de l'admiration pour ceux et celles dont ont dit qu' ''ils et elles ont réussi''. Question hautement philosophique que nous ne nous posons pas de nos jours faits de contemplation de l'image, dont celle de soi-même parfois : ''Qu'est-ce que la réussite à pareille époque où la corruption, la complaisance, la peur et le dos rond sont aussi visibles que le nez au milieu du visage ?'' Aussi, selon moi, nous ne sommes pas près de voir la fin des choses qu'on déteste et ce, tout bonnement parce que, comme les puissants qui eux-mêmes ont semble t-il disjoncté, les petits et les faibles n'ont aucune idée de la façon d'être équilibré dans leurs jugements.
  • Catherine Rickebusch
    8 juillet 2020
    Merci beaucoup, je n'arrête pas de le dire, mais personne n'écoute... Et cela arrive par ce qu'on ne veux pas reconnaître les gens à leur compétence... Trop ont un job par de fausses références ou parce qu'ils se la pètent... Merci beaucoup unissons nous enfin tous contre le chômage, et que l'ANPE pense compétence au lieu de n'essayer de caser que les incassables en partant du principe que les gens compétant peuvent se débrouiller tous seul!!! Beaucoup de chômeur compétant sont chômeur à cause de la jalousie des incompétents, ce n'est plus vivable... Bac +4 Maîtrise de biologie, à 50 ans je ne gagne toujours pas ma vie, et cela n' intéresse personne, surtout pas les psychiatres qui se moquent des harcèlements et pressions que l'on subit de la part de tous! UN comble. Ce qui les intéressent les Français : leur loisirs et leur garde d'enfants!!! Mais pour eux si on est chômeur c'est normal, cela ne les intéressent absolument pas!!! Et pire on nous refuse des emplois purement alimentaire par jalousie. Merci le CESE.

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